Grenoble etc...
Parce que mes concerts d’Indo se sont toujours fait en grande pompe. Le tout premier à Orléans en 2002. Un déplacement, un week-end de fou furieux, des disputes, des règlements de compte, un guitariste sur scène, Sarah. Et rien d’autre. Alors du coup, il y a eu Toulon en 2003. Des coups de soleil, un bateau, des visites, des posters, « OK ! », Fred et ses cheveux, Boris et sa bouteille, Marco, Oli, Nicola et son bras, Sarah et moi. Je venais d’avoir 19 ans. Le jour même. Puis, une rencontre. L’Indocouple. Qui nous permet d’aller au Grand Rex. Une marche dans Paris. Une auberge de jeunesse. Un clodo dans la rue. Une attente interminable. Macdo. Des muffins café. Vietnam Glam. Fred, Fabien et Gwen. Sarah et moi, des étoiles papillotantes dans les yeux.
Puis le grand vide.
Parce qu’elle n’était plus là, j’ai fait Grenoble seule. Aux pieds de Boris. Parce que cela va de soi. Parce que Grenoble 2006 c’était le tout début d’un truc que je ne soupçonnais pas. Parce que trois ans après, j’étais en manque de cris, de shay, de coups de reins dans une gratte, de mains tendues, de sueur méritée, de mal aux pieds, de photos, de noir et blanc. Boris. Encore une fois, je ne crois pas avoir vu grand-chose de plus. J’en profitais, je ne pensais pas en vivre d’autre.
Puis il y a eu des rencontres. Naw la sauterelle que je convaincs de venir à Fourvière. On ne se connaît pas. On ne s’est jamais vu. Une gare, des exclamations. Retrouver Julie. Acheter de la crème solaire. Faire des sandwichs. Rire. Fumer sur des marches d’escalier. Regarder Astérix et Obélix. S’endormir devant. Des chuchotis dans la nuit. Puis un réveil. Une course à la salle de bains. Chercher une place de voiture. Trouver que le soleil est de trop. Passer la journée à l’ombre sur des marches. Des anecdotes. Une balance en plein soleil. Un bout de nez légèrement rougi. Courir. Ne pas manquer tomber. Une vidéo immortalise ce moment honteux. Puis des cris. Encore. Des paroles hurlées. Une hola. Indo en concert, tout simplement.
Et mes meilleures vacances d’été en deux semaines à Avignon. Nîmes, Paléo, Sushis, des œufs oubliés dans le frigo, dormir par terre dans une gare paumée, Salombô dans la voiture, Desperate Housewives, des cigales, des écrits, des cousines. Naw et moi.
Puis il y avait eu une rencontre furtive. Une belge que je n’aimais pas. Pourtant, on nous a réuni, on nous a permis de nous parler, de nous connaître, de nous apprendre. Et au-delà du fait qu’elle et moi on aime les livres interdits, nous avions des tas de choses à nous dire. Et pas seulement Indo. Même si, elle m’a fait vivre Hanoï, de loin. Même si, grâce à elle, j’ai rencontré des gens formidables et j’ai pu vivre des concerts en plus à mettre sur ma liste qui se rallongeait sans même que je m’en rende compte. Parce que tous mes concerts ont été des coups de tête, des envies sans réfléchir. Après le Paléo, plus rien ne me faisait peur !
Clermont-Ferrand, la ville haït. Accompagner une jeune fille. Se retrouver si tard devant la salle, contrairement aux habitudes, en crever de trouille de ne pas être à sa place habituelle. Etre avec un père et sa fille. Puis courir. Et garder les places pour tout le monde. Comme d'habitude. Devant la guitariste. Offrir un beau concert aux demoiselles. Vivre avec elles leur première fois. Si joli à voir. Leurs frimousses ébahies. Et pour moi, des poils qui se hérissent sur les bras devant Crash Me. Des larmes dans les yeux, tout doucement. Témoigner pour les autres par des vidéos : Julie, Valou, Naw.
Batailler pour avoir une place pour Lyon le 10 novembre. Parce que c’était l’anniversaire de Boris, parce qu’il fallait être là, tout simplement. Et parce que je ne regrette pas. Parce que là encore, Naw et Julie étaient là. Je retrouvais Victoire, ma belge. Et trois jours avant ce concert, j’apprenais qu’il fallait offrir un cadeau à son « idole ». Alors c’est les yeux explosés de fatigue de ne pas dormir, explosés d’excitation, que je pointe mon nez vers ceux qui font mon p’tit bonheur du jour et du soir. Ca ne s’explique pas. Ca se vit. J’en retiens juste que Jess, Iza, Emma et tous les autres sont des personnes presque magiques que j’écoute parler à l’infini de leurs souvenirs. Tout comme le soir entre Victoire et moi, je l’écoute me parler de l’absent cruel qui revit sous nos quatre yeux, au bout de ma clope, le cul sur un bureau d’un hôtel Ibis, la fenêtre ouverte. Je regarde, les oreilles grandes ouvertes. Là aussi, j’ai des étoiles. Et là, c’est la connexion. Entre elle et moi. Et ça non plus, ça ne s’explique pas. Ca se ressent. C’est là. C’est tout. Et c’est Victoire et moi.
Alors bien sûr, je pourrai parler des heures de ce week-end lyonnais. Dire que les fous rires nous étouffent. En boîte, à regarder ces autres danser, au subway à ne pas comprendre ce qu’on va bouffer, à la rhumerie. Puis les premières larmes aussi. Parce qu’il y a des au revoirs sur des quais de gare. Parce qu’on se quitte et qu’une page se tourne et qu’un souvenir se ferme pour ensuite laisser place à un autre. Plus tard.
Bercy. Le deuxième de la tournée. Le premier pour moi. Retrouver, là encore, Victoire, Naw. Rencontrer Valou. Une émotion pure sur scène. Lou. Des larmes un peu partout. Des bras câlins. Un putain de sourire fabuleux sur ma gueule. Le bonheur. Etat brut. Puis retrouver les autres. Jess qui court, le smile qui l’illumine. Iza qui pleure. Une belge entraperçue, dans les bras de Victoire. Un c’est qui, mais je ne retiens pas. Bien mal m’en a pris.
Parce que deux semaines après, j’étais en Belgique. J’avais ruiné ma grand-mère pour qu’elle m’offre mon cadeau de Noël en avance. Du fric pour payer le train. Là, je retrouve Victoire, Jess, Cricri, Cat, … Et deux autres belges que je n’oublierai pas, cette fois. Celle des bras de Victoire, Christelle, elle s’appelle. Et son mec, Fabian. Des rencontres encore, très furtives, mais tellement vivifiantes. Deux concerts pour un voyage.
Une fosse, un gradin. A la gare, croiser un chanteur, s’en amuser quelques minutes, puis passer à autre chose. Des gradins pour tous. Jess et moi complètement ahuries de manger des yeux Boris en haut. Tellement étrange. Mais qu’importe. Parce que c’est la première fois que je pleure sur une chanson qui me gave. Parce que l’émotion était là aussi, pure. Parce que tous ces gens qui chantent ensemble devant un chanteur qui tend le micro à bout de bras, moi, ça me hérisse les poils de bras, ça me picote le nez et ça me fait perler les yeux. C’est comme ça. Puis le lendemain. Un fou rire sous une tente improvisée, du poulet, du chocolat chaud, une claustrophobie jamais atteinte, mon bonheur à son apogée. Craindre de ne pas avoir ses places, courir comme des dératés, se sourire comme des affamés, mitrailler comme des fous un grand mec maigre sur scène. Vivre le Forest, en fait. Se sentir soulagée d’être là et pas ailleurs. Il n’y avait rien de mieux.
Puis, deux nanas dans Grenoble. Qui s’ennuient. Eperdument. Moi qui ne dois faire que parler de mes concerts. Anabelle qui doit faire que de m’écouter. Alors c’est décidé. On part à la fnac. On sait pas si on a des tunes, si on pourra réellement. Mais qu’importe. Là, on prend deux places pour Genève. On rêve. On est des gamines. On vit ce qu’on souhaite. Puis Naw nous rejoint et à trois, on prend le train. Un lac magnifique, des châteaux, des canards, un hôtel, une place perdue, un parc immense, une course poursuite, une peur bleue, un énervement, des retrouvailles, Jess et son smile, Iza et son nouveau tattoo. Mais un concert étrange. Vécue du bout du cœur. Un Singe en Hiver qui nous coupe définitivement les jambes. Puis partir, être à l’ouest, laisser les autres se débrouiller. Frauder le bus suisse. C’était marrant. Sales gamines.
Refaire Lyon. Retrouver tout le monde. Acheter des barrettes noires sous les conseils d’Iza qui vient me chercher à la gare. Partir chez elle. Retrouver Alex et Fanny qui tentent tant bien que mal d’aérer les tentes. Bouffer à MacDo. Retrouver Jess et les laisser partir avec leurs tentes devant la Halle. Les retrouver au matin, avec Naw et Julie. Passer la journée à se battre gentiment pour garder notre privilège des premiers arrivés. Stress ridicule, mais stress tout de même. Des confidences aux creux de l’oreille. Des photos dont je ne me souviens pas. Parler avec le plus petit fan d’Indo qui connaît les paroles par cœur. A la bonne école avec son grand frère. Entrer, courir, avoir sa place, rire. Les genoux de Naw aux creux des miens. Un fou rire entre Jess, Boris et moi. Un Vibrator complètement fou. Un Singe en Hiver aveuglant. Une folie furieuse. Des cordes vocales abîmées. Retrouver Anabelle et Franck. Franck, son premier concert, son choc face à June. Rentrer avec eux, la tête ailleurs. Chanter en voiture trois nuits par semaine. Le meilleur concert à ce jour.
Partir à Montpellier, acheter de la bouffe pour le lendemain à Monoprix, dormir tête bêche dans un lit une place avec Naw. Partir de bonne heure à Bordeaux. Retrouver les belges et Iza à la gare. Se sentir bien. Passer l’après-midi à attendre, assise, le cul par terre. Froid. Se marrer. Se foutre de la gueule d’une fan ridicule de Placebo. Se faire insulter. Croiser les doigts avec Victoire qui est sur un p’tit nuage. Se grouiller, manquer tomber, croiser Mattu à l’entrée, se retrouver au premier rang comme un miracle, faire des grimaces et en immortaliser le temps et les mouvements. Une Lou parfaite sur scène. Un concert merveilleux, comme d’habitude, je dirai, depuis la reprise. Aucune déception. Non, vraiment aucune. Pas de sensation d’inachevé. Repartir, épuisée, mais ravie, quelques larmes encore d’avoir quitté les autres si vite.
Le dernier. Bercy. 19 mai 2007. Retrouver Sarah, se dire qu’elle est là aussi, au même moment que moi. Qu’elle vit la même chose. Qu’elle voit les mêmes choses. Même si, elle, elle regarde Oli de près et moi Boris de loin. Etre là, entre Victoire et Naw, Anabelle dans le dos. Etre à sa place, encore une fois. Entourée des bonnes personnes. Avoir peur que tout s’arrête. La gorge serrée. Un symphonique admirable. Ne pas trop le croire. Faire profiter ma mère des violons et les partager aussi avec Julie. Troisième sexe est un bonheur. Naw aux creux des bras sur Salombô. Les mains serrées pour Electrastar, pour Victoire, être là, pour elle, pour lui. Cristal dans le coin de mon œil, ses mains fraîches sur mes joues pour ma chanson fétiche des concerts. Voir Fabian pleurer. Avoir un peu trop bu de champagne dans l’attente, avoir les joues rouges. Des coups de soleil. Puis la fin. Qui arrive trop vite. Mais qui est là. Même nos blagues, elles ont un goût amer. On n’ose pas trop parler. Ou alors, pas trop fort. Tout le monde est épuisé. Puis on s’éparpille. Dormir. Oublier que c’est la fin.
{toutes photos par moi, sauf celle de Genève, par Ana}
~ Oreille ~ Peter Pan ~ Indochine