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Avec des pincettes
1 octobre 2006

Les dimanches

Petite, le dimanche était associé à la séparation et aux retrouvailles. Celui du retour à la maison, le trajet de chez papa à chez maman, le silence dans la voiture sur la nationale 20, moi les yeux par la fenêtre, espérant que la voiture un jour ira plus vite, mais sans avoir d'accident. Puis ensuite, décharger les légers bagages du coffre de la voiture dans le Garage (oui un grand G à ce Garage, ce n'est pas n'importe quel garage, c'est LE Garage), se déchausser, filer dans la cuisine pour sentir les odeurs de maman qui cuisine, du p'tit frère qui joue à je ne sais quoi dans la chambre bleue, et les deux papas qui faisaient la conversation de politesse dans le Garage. Puis j'accourais embrasser le papa Numéro Deux et le laisser partir seul dans sa voiture en train d'écouter Rires et Chansons. A quoi il pensait ce papa là en laissant sa gamine à un autre papa ?
L'autre papa, il faisait des blagues à table, le p'tit frère en rajoutait, et les deux filles en riaient. Mais l'heure tournait. Et bientôt, dans la maison bleue, on devait se brosser les dents, faire un tour aux toilettes, faire des bisous, dire la phrase magique de la famille avant de pousser les portes. Ca fait quoi les parents quand les enfants étaient couchés ?
Et dans ma chambre boisée, la tête sur l'oreiller, je tendais les écoutilles pour écouter les bruits de la maison, les chuchotements, la chanson des oiseaux dans la chambre à côté, le vent et la pluie dehors, puis la radio. La musique classique pour s'endormir avant de retourner à l'école. Et rassurée par tout ça, la petite fille, elle oubliait tout, le papa qui était loin, qui ne lui souhaitait pas bonne nuit les dimanches soirs pour la rassurer. Non, les dimanches soirs, elle était si bien calée dans son lit moelleux, avec les voix réconfortantes de papa Numéro Un et de maman Tout Court qu'elle s'endormait comme une princesse de son rang. Ca rêvait à quoi une petite fille dans la nuit du dimanche au lundi ?

Maintenant les dimanches, ça restent toujours nostalgiques, mélancoliques. Parce qu'il y a les dimanches anciens qui ressurgissent pour étreindre la gorge. Et maintenant, seule, il n'y a plus de petits bruits à écouter derrière la porte. Alors on retarde déjà le lever, on prend son temps pour petit déjeuner, on essaye d'étirer le temps en espérant qu'il passe plus vite. Parce qu'un dimanche, c'est long, c'est lent...
Les dimanches, parfois, on va au cinéma, au resto, parce que c'est les seuls trucs d'ouverts. On s'occupe pour ne pas voir filer la journée. On se mijote des petits plats, on regarde la télé.
Et même aujourd'hui, les collocs sont tous rentrés chez leurs parents, le seul restant travaille. Alors on reste trois heures sous l'eau chaude d'une douche puis on traîne en peignoir, les cheveux en pétard, un thé fumant à la main, une clope chourrée et on se pose à la fenêtre et on regarde la pluie tomber sur la cour des flics. C'est triste un dimanche.
Et même quand il fait beau, un dimanche, ça reste bizarre. Ca serait un peu comme une ritournelle enfantine, des chevaux de manège qui font des vas et vients, des rires d'enfants qui s'effacent dans le ciel, cherchant à attraper une queue pour avoir un tour en plus et encore une fois, rallonger le dimanche même si on le trouve déjà d'une longueur rébarbative.

Et le dimanche d'après, on se rappelle encore les vieux dimanches.

~ Oreille ~ Arnold Layne ~ Pink Floyd

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Commentaires
E
C'est triste un dimanche oui... C'est mélancolique, nostalgique, et d'une langueure toute monotone...<br /> <br /> Je n'ai jamais beaucoup aimé les dimanches, à part peut être lors de ma prime enfance. Je garde encore le souvenir du moment à la boulangerie avec mon père, m'achetant une bricole, en souriant, alors que ma mère l'avait formellement défendu en nous voyant partir...<br /> <br /> Puis les dimanches, c'était l'ennui, que je tuais comme je pouvais en lisant, jusqu'à mon départ de chez mes parents. Ensuite ce furent ceux dans la famille, celle de mon compagnon, la mienne... Joli rituel qui a fini par me rendre folle...<br /> <br /> Maintenant ce sont les dimanches seule (no comment), et ceux avec ma fille... jusqu'à son départ en milieu d'aprem...<br /> <br /> J'espère qu'elle sait que je pense à elle très fort tous les soirs vers 20h, lorsqu'elle se couche au son de son CD de musique...<br /> <br /> Bonne semaine Louloute ;-)
A
Samantdi : Oui j'ai cru comprendre que tes dimanche ne sont pas de tout repos. Il me tarde crois-moi, c'est mortel l'ennui dominical. Surtout quand on va pas à la messe.<br /> <br /> Madeleine : Oui bah le dimanche, quel qu'il soit, dans 10 ans, le semaine prochaine, il aura toujours le goût mélancolie.<br /> <br /> Julie : Ouais, t'as remarqué toi aussi. C'est de pire en pire à croire. Et pourtant, Madeleine dis le contraire.<br /> <br /> Samantdi : Tes élèves glousseraient elles ? Mais à l'abattoir tout ça ! Et au congélo en hiver et dans l'assiette l'été...<br /> <br /> Bon malgré tout, je préfère me faire appeler Louloute.
S
Madeleine : je suis dotée d'antennes puissantes et d'un bon répertoire d'hypocoristiques : mistouflette, bibounette, poussin... le tout distribué généreusement à mes chères têtes blondes que cela fait glousser derrière leur trousse "Play-Boy"... mais depuis le mois d'août, j'ai une nouvelle expression, qui connaît un grand succès : "on se croirait dans un troupeau de pintades au fond du Cantal"
J
c'est dingue comme la perception des dimanche change en viellissant.... Quand j'étais petite je me rendais pas compte que ce jour là était si lent.
M
Comme tu as beaucoup de chemin à parcourir, ta perception des dimanches évoluera certainement ... Un jour tu penseras avec un brin de nostalgie à ceux d'aujourd'hui : le thé, le peignoir, la cour des flics, ... !<br /> <br /> Comment sait-elle Samantdi que tu t'appelles Mistouflette ?! :-)
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